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Traces

où je passai

Os brillant sous la lune à Maisoncelle-Saint-Pierre

24/1/2014

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S’arrêter par une grise fin d’après-midi hivernale et bruineuse devant une guirlande lumineuse qui trace sur les murs d’une grange les lettres d’un mot : TENDRESSE.
Sortir de la voiture et se surprendre à fredonner : « On peut vivre sans richesse, presque sans le sou, des seigneurs et des princesses, y’en a plus beaucoup… ».
Je reste les pieds dans l’herbe humide, charmée par la vie chaleureuse qu’on devine derrière les fenêtres éclairées de la maison à côté de la grange.
Bernadette gare sa voiture entre deux parterres boueux.
Jacquotte sort de la maison : « Enfin, vous arrivez ! ».
On était annoncées bien plus tôt. Et puis, on a sans doute roulé moins vite que prévu… Agréable voyage à regarder, silencieuses, le changement de paysages depuis Bruxelles sous un piquant et pur ciel bleu d’hiver, tout en se remémorant, chacune pour soi, les histoires à raconter ce soir.
Jacquotte prépare son gratin aux chicons (ou endives… - on refera le débat plus tard, inévitable, en feignant le ravissement toujours renouvelé de se découvrir des mots différents pour des réalités partagées de chaque côté de la frontière).
Nous demandons à nous éclipser, soucieuses de pouvoir bien profiter de notre bulle de concentration d’avant spectacle. On nous fait entrer dans la grange. On nous fait entrer dans le Premier Théâtre International Paysan Autonome Ephémère.
Découvrir un nouveau lieu c’est souvent d’abord effacer ce que nous avions imaginé. Il y a cette hésitation entre disparition et apparition dans le silence sur le seuil. Je m’étais figuré une scène haute, des rideaux noirs, des sièges disparaissant dans l’obscurité. Ce sera une grange aux belles poutres et aux murs de terre. Un tapis pour délimiter l’espace scénique. Des bancs et des chaises encore vides. Et quelques projecteurs qui nous mettront en lumière sans nous séparer du public. Donc c’est cet espace qu’il faudra remplir de nos histoires ! Nous saluons les lieux.
Michel arrive à son tour. Il nous aide pour les derniers réglages. « Vous verrez, il y a toujours une belle écoute ici. Les gens sont très en demande. » Nous nous préparons et espérons donner aux gens tout ce qu’ils attendent.
De notre loge en mezzanine, nous entendons le public arriver. Le trac arrive aussi. C’est la première de notre duo ‘os brillant sous la lune’. Emmènerons-nous le public dans le flottement attirant et plein d’effroi de d’un crépuscule pâle et lunaire ? Saurons-nous faire goûter la joie particulière qu’il y a à aller cliquetant comme un squelette à travers nos nuits noires ?
Il est temps. Nous descendons les escaliers. Il faut à présent raconter. Oublier nos doutes. Sentir les pouls battant devant nous. Y accorder nos respirations pour que nos histoires puissent se rêver tous ensemble. Nous distinguons quelques visages dans la pénombre : graves ou souriants. Des bruits, que nous cherchons d’abord à identifier avant de nous plonger complètement dans nos récits, toussotements, grattements… Nous cherchons notre complicité. Le spectacle, au bout du conte, est toujours finalement en train de se faire ici et maintenant, qu’elle que soit l’énergie mise à en peaufiner tous les détails. Des rires et des silences… On sent, on croit, on espère… le public est avec nous…
Merci à Michel et à Jacquotte pour l’occasion, la rencontre et la beauté de ce théâtre en pleine campagne où viennent les gens, plus nombreux que dans beaucoup de théâtres urbains. Personne ne s’y trompe : là où il y a de la vraie chaleur humaine, les rencontres se jouent à tous les niveaux. On boira quelques bières. On discutera avec le public. On débattra des priorités culturelles, des spécificités régionales, de l’accent belge et des origines mélangées. On se dira au revoir. On restera ensuite quelques-uns, autour d’une table, à manger un bon gratin de chicons (pardon ! endives).
On se dira enfin bonne nuit. Et on s’endormira avec l’impression de toucher du doigt un bout de bonheur.
Le lendemain, le départ se fera sous la pluie. La guirlande TENDRESSE ne clignotera plus. Mais c’est quelque chose de cet ordre qui restera…

Catherine Pierloz
En souvenir du 24 janvier 2014
Os brillant sous la lune, contes par Bernadette Heinrich et Catherine Pierloz

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