Catherine Pierloz

Animale

Contes sauvages

Bondir, gueule retroussée, crocs assoiffés, et savoir que la proie n'a aucune chance.
Être dévorée et continuer à voler.
Laisser la sauvagerie galoper sans selle.
Péter à la barbe de la civilisation.
Contes pour âmes animales.
Un jour, je me suis rendu compte que je trimbalais quelques histoires animales qui se promenaient allègrement au-delà de toute morale, dans une joyeuse cruauté et sans appesantissement sentimental. Elles se faisaient des clins d’yeux dans mon dos. Et elles me communiquaient leur guillerette impertinence, en même temps qu’une force qui se moque des barrières humaines, trop humaines. Je les ai mises côte à côte, et elles font leur chemin, ces histoires-là. Je vais y ressourcer une certaine féminité (les héroïnes y sont majoritaires…), et on a évoqué, avec gourmandise, quelque chose de sulfureux dans mon plaisir communicatif…

Avec les mots de Bernadette Bidaude

Grogne, grogne, grogne
mords mords mords

il y a quelque chose d’étrange
aucune musique ne protège de pareilles morsures
gueule rieuse, tu cavales
gueule retroussée, crocs assoiffés tu bondis

les cheveux ruisselants, la bouche contractée,
l’âme animale se repait
salive mousse rosie au coin du mufle
entre chienne et louve
les souvenirs d’affûts dans les bois mauves t’agitent

qui mange qui ?
miroir ou se dédoublent les regards
le beau de l’endroit le laid de l’envers
le laid de l’endroit le beau de l’envers
chair striée de lunes de nacre
âmes animales

le conte émerge comme un essaim d’abeilles
entendez-vous cette horde moirée
ce rire profond
ces sabots ensauvagés ?
entendez-vous
cette fronde chevauchée
à cru
de la marche du monde ?


©Bernadette Bidaude (texte écrit pour Dire! 2020 - Rassemblement Sistas)