Contes sauvages
Bondir, gueule retroussée, crocs assoiffés, et savoir que la proie n'a aucune chance. Être dévorée et continuer à voler. Laisser la sauvagerie galoper sans selle. Péter à la barbe de la civilisation. Contes pour âmes animales. Un jour, je me suis rendu compte que je trimbalais quelques histoires animales qui se promenaient allègrement au-delà de toute morale, dans une joyeuse cruauté et sans appesantissement sentimental. Elles se faisaient des clins d’yeux dans mon dos. Et elles me communiquaient leur guillerette impertinence, en même temps qu’une force qui se moque des barrières humaines, trop humaines. Je les ai mises côte à côte, et elles font leur chemin, ces histoires-là. Je vais y ressourcer une certaine féminité (les héroïnes y sont majoritaires…), et on a évoqué, avec gourmandise, quelque chose de sulfureux dans mon plaisir communicatif…
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Avec les mots de Bernadette Bidaude
Grogne, grogne, grogne
mords mords mords il y a quelque chose d’étrange aucune musique ne protège de pareilles morsures gueule rieuse, tu cavales gueule retroussée, crocs assoiffés tu bondis les cheveux ruisselants, la bouche contractée, l’âme animale se repait salive mousse rosie au coin du mufle entre chienne et louve les souvenirs d’affûts dans les bois mauves t’agitent |
qui mange qui ?
miroir ou se dédoublent les regards le beau de l’endroit le laid de l’envers le laid de l’endroit le beau de l’envers chair striée de lunes de nacre âmes animales le conte émerge comme un essaim d’abeilles entendez-vous cette horde moirée ce rire profond ces sabots ensauvagés ? entendez-vous cette fronde chevauchée à cru de la marche du monde ? ©Bernadette Bidaude (texte écrit pour Dire! 2020 - Rassemblement Sistas) |